Ecole régionale d'agriculture de Venours, puis lycée agricole régional Xavier-Bernard

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Rouillé

Ce lycée agricole remplace une école régionale d'agriculture créée dans le domaine de Venours, à Rouillé, donné au ministère de l'agriculture par Xavier Bernard en 1943. Ce dernier, né en 1873 et mort en 1966 à Saint-Sauvant, commune voisine de Rouillé, s'était enrichi grâce à la sélection de semences, dont il assurait à la fois la production, le conditionnement et la vente, en tant qu'agriculteur, en Poitou et au Maroc, à la tête d'une importante maison de commerce à Paris. Dans les années 1930, il était le président de la chambre d'agriculture de la Vienne et de la chambre régionale d'agriculture de Poitou-Charentes. Il avait acheté le château de Venours et trois exploitations attenantes en 1918. Le don de ce domaine de 110 hectares et d'une important somme d'argent avait pour objectif de vulgariser les bonnes méthodes de culture et d'élevage dans le Poitou et, d'une manière générale, de perpétuer son oeuvre en y installant une école d'agriculture. Une "fondation Xavier-Bernard" a été créée et reconnue d'utilité publique en avril 1948. Au Maroc, Xavier Bernard a aussi légué en 1945 une propriété située à Fédhala pour y créer une école d'agriculture, ouverte en 1951, et des échanges ont été organisés entre les deux écoles. Les terres de Xavier Bernard à Rouillé ont également accueilli en 1965 une unité de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique), à proximité du lycée agricole, de l'autre côté de la route départementale.

La demeure et les bâtiments d'exploitation, achetés par Xavier Bernard en septembre 1918, résultaient de la destruction partielle et de la transformation de l'ancien château en 1904 par Honoré Delaballe, né en 1860 à Rouillé et parti une dizaine d'années à Mendoza en Argentine. Depuis au moins la deuxième moitié du 19e siècle, ce château était devenu une ferme. La demeure actuelle correspond au pavillon sud, qui porte la date de 1706, et à une partie du corps central sans doute reconstruite de l'édifice représenté sur l'atlas de Trudaine et sur le plan cadastral de 1836. Un bâtiment isolé qui s'élève au nord est construit partiellement à l'emplacement du pavillon nord avec le remploi de pierres pour les chaînages d'angle et l'encadrement d'une fenêtre.

Dans un premier temps, après le don de Xavier Bernard, les bâtiments existant accueillent une école saisonnière d'agriculture, transformée en novembre 1948 en une école régionale d'agriculture qui n'ouvre véritablement ses portes qu'en 1954. Un bâtiment dédié à la nouvelle affectation est en effet construit sur les plans signés par les architectes Roland et Léon Le Sauter frères, Marcel Martinet (architecte de la Ville de Niort), Maurice Morguet et Roger Hervouet. La première pierre est posée par le ministre de l'agriculture, Paul Antier, en octobre 1951, et le bâtiment est inauguré par son successeur, Robert Houdet, le 16 octobre 1954. Le centre de la façade reçoit un décor sculpté par Georges Coulon dans le cadre du 1% artistique. Un corps de bâtiment de plan massé, relié au premier du côté nord, accueille un ciroir dans lequel les élèves se déchaussent et rangent leur chaussures, ainsi qu'une salle destinée au Cercle ou foyer des élèves. A l'ouest du bâtiment d'internat et d'enseignement, un logement pour le directeur est également édifié. En même temps est érigé un château d'eau au-dessus d'un forage de 115 mètres effectué en 1946. Autour, les anciens bâtiments sont aménagés pour être utilisés en locaux de service et en bâtiments d'exploitation. Ils sont complétés en 1958 par une construction de plan en L destinée à abriter des ateliers et un hangar.

L'école d'agriculture est transformée en lycée agricole en 1962. L'établissement est alors agrandi avec la construction d'un deuxième bâtiment, parallèle au premier et de même longueur, du côté nord, un internat de garçons. Ce bâtiment est vraisemblablement bâti sur les plans des mêmes architectes que le premier. Des bâtiments préfabriqués en L sont provisoirement installés du côté nord-est pour compléter l'offre des salles d'enseignement. En 1965, c'est un internat de filles qui est édifié, isolé au nord-est du site. Parallèlement, les bâtiments de l'exploitation sont en grande partie reconstruits. Vers 1970, un autre agrandissement est réalisé avec la construction, au nord, de tout un ensemble autour d'une cour quadrangulaire, dont les bâtiments préfabriqués ferment le côté sud, pour accueillir un nouvel internat, les services de bouche, abrités jusqu'ici dans le bâtiment de 1954, et un bâtiment regroupant un gymnase, un amphithéâtre-auditorium et un foyer, l'éducation socioculturelle étant devenue une composante de l'enseignement agricole (une note du ministère de l'agriculture du 10 mars 1963 définit les données de la construction et insiste sur la conception architecturale d'un centre socioculturel et de son amphithéâtre-auditorium dans tous les lycées agricoles). En même temps sont construits, au sud-est, sept logements de fonction sous la forme d'un lotissement.

Le centre de formation d'apprentis agricole (CFA) de Venours est créé en 1973. La responsabilité du patrimoine du lycée est transférée du ministère de l'agriculture à la Région Poitou-Charentes par les lois de décentralisation de 1982-1983.

Un nouveau bâtiment de plan complexe est édifié en 1995 sur les plans de l'architecte Christian Mongiatti pour accueillir un centre d'art, unique en France, et de ressources. Sa forme inspirée d'une coquille d'escargot a été choisie par les enseignants du lycée comme évocation de la "cagouille" ou du "luma", emblème du territoire et spécialité culinaire locale. Construit à l'emplacement des bâtiments préfabriqués, il abrite le CDI du lycée et des salles de travail, un espace multimédia pour la formation des adultes aux nouvelles technologies, et un centre d'art contemporain, dénommé Rurart, créé sous la tutelle du ministère de l'agriculture. Afin de poursuivre et développer une démarche engagée sur l'art contemporain dès 1975 dans l'établissement, ce centre d'art est conçu pour proposer des ateliers et des expositions - d'où la présence de grandes surfaces murales et de réserves -, et accueillir les bureaux des permanents. Les projets qui y sont conçus ont généralement un lien direct avec le milieu rural, la terre, et font participer les autres lycées agricoles de Poitou-Charentes.

Au fil du temps l'affectation de certains bâtiments change. Vers 2010, une chaufferie au bois est construite. A l'exception de celui des filles de 1965, dont seul le rez-de-chaussée est actuellement utilisé en externat, les internats sont isolés, par l'extérieur pour celui de 1970, et restructurés en 2014 et 2015. Enfin, un internat à énergie positive, oeuvre de l'agence bordelaise Dauphins Architecture et 180 degrés Ingénierie, est mis en service en 2018 pour loger les apprentis.

L'établissement est aujourd'hui le siège de cinq entités, celui du lycée et de l'exploitation agricole qui lui est liée comme support pédagogique, celui du CFA départemental agricole de la Vienne, celui du CFA Venours qui forment des apprentis préparant en alternance un diplôme du CAP au BTS aux métiers de l'agriculture et des travaux publics, cela en lien avec les établissements Danièle-Mathiron à Thuré, de Montmorillon et de Kyoto à Poitiers, celui du CFPPA pour la formation professionnelle pour adultes et, enfin, celui de Rurart.

En 2025, l'établissement compte 270 lycéens, 240 apprentis et 50 adultes en formation, avec un total de 80 % d'internes. De nouvelles transformations immobilières sont prévues prochainement dans l'exploitation avec la destruction du château d'eau et de certains bâtiments vétustes et avec la construction de nouveaux bâtiments, ainsi que dans les bâtiments d'enseignement avec la restructuration du premier étage de l'internat des filles de 1965.

Périodes

Secondaire : 1er quart 18e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Secondaire : 1er quart 21e siècle

Dates

1706, porte la date

1954, daté par source

1995, daté par source

2018, daté par source

Auteurs Auteur : Le Sauter Léon

Architecte parisien et niortais, associé à son frère Roland. Ils ouvrent leurs cabinet et créent deux agences, l'une à Paris (16 rue Drouot, 9e), l'autre à Niort (19 avenue de Verdun), en 1942. L'agence parisienne déménage ensuite au 64 avenue Emile-Zola dans un immeuble construit par le cabinet pour la mutuelle générale française Vie. Léon Le Sauter dirige l'agence de Niort et son frère celle de Paris. Dans les Deux-Sèvres, ils ont construit l'ancienne piscine d'été de Thouars en 1960 et à Niort, la piscine en 1965, le siège social de la Maif (avenue de Paris) et le siège social de la Macif (avenue de La Rochelle). Léon Le Sauter cesse son activité en 1975 ; la clientèle est confiée à son associé, Jean Boutillon, et son assistant, André Robelin. Il décède à Niort en 1977. Source : Stéphanie Tézière, Patrimoine mutualise, une histoire niortaise, éd. Atemporelle, 2023, et SRPI Nouvelle-Aquitaine.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Le Sauter Roland

Architecte parisien et niortais associé à son frère Léon. Ils ouvrent leurs cabinet et créent deux agences, l'une à Paris (16 rue Drouot, 9e), l'autre à Niort, en 1942. L'agence parisienne, dirigée par Roland, déménage ensuite au 64 avenue Emile-Zola dans un immeuble construit par le cabinet pour la mutuelle générale française Vie. Son frère dirige l'agence de Niort. A la mort de Roland, l'agende parisienne est dirigée par Jean Boutillon puis vendue en 1973 à Davy. Dans les Deux-Sèvres, ils ont construit l'ancienne piscine d'été de Thouars en 1960 et à Niort, la piscine en 1965, le siège social de la Maif (avenue de Paris) et le siège social de la Macif (avenue de La Rochelle). Léon Le Sauter cesse son activité en 1975 ; la clientèle est confiée à son associé, Jean Boutillon, et son assistant, André Robelin. Il décède à Niort en 1977. Source : Stéphanie Tézière, Patrimoine mutualise, une histoire niortaise, éd. Atemporelle, 2023, et SRPI Nouvelle-Aquitaine.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Morguet Maurice, architecte (attribution par source)
Auteur : Hervouet, architecte (attribution par source)
Auteur : Martinet Marcel

Architecte de la Ville de Niort dans les années 1930.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Mongiatti Christian

Architecte, 44 rue Carnot, Poitiers.

, architecte (attribution par source)

L'établissement forme un hameau situé à un peu plus de 300 mètres au nord-ouest de la route départementale 150. Un chemin rural, dont l'entrée est signalée par des murs en béton et pierre de taille, permet l'accès, du côté ouest, à l'exploitation agricole et, du côté orientale, à la partie réservée aux bâtiments d'enseignement et aux internats. Les bâtiments s'élèvent sur un terrain plat arboré et entouré de prés et bois. Des terrains de sport sont aménagés au nord-est.

La demeure autour de laquelle se distribuent les bâtiments d'exploitation est constituée d'un pavillon et d'une partie reconstruite du corps central de l'ancien château. Le pavillon est en moellon enduit avec des chaînes d'angle et les encadrements d'ouvertures en pierre de taille à joint large et creux. Ses pleins-de-travée sont également en pierre de taille. A sous-sol, un étage carré et étage de comble, il est doté d'un toit brisé à croupes en ardoise. Du côté est, une lucarne en pierre à ailerons et fronton triangulaire porte la date 1706. Du côté ouest, les deux lucarnes ont un simple encadrement en pierre et ciment. Le corps central en rez-de-chaussée est en moellon enduit et toit à longs pans en ardoise. Deux lucarnes identiques à celle du pavillon y sont présentes. Autour, le bâtiment en L de 1958 dans l'exploitation, en rez-de-chaussée, est en parpaing avec charpente métallique, avec menuiseries extérieures en métal. Les bâtiments des années 1960 sont en rez-de-chaussée, en parpaing de béton et sont couverts de toit à croupes en tuile mécanique.

Le bâtiment de 1954, actuelle administration, à un étage carré avec sous-sol, est à structure en béton armé avec pierre calcaire bouchardée en remplissage. Le toit est à longs pans à croupes et en tuile mécanique. Au nord, le petit corps de bâtiment en rez-de-chaussée possède les mêmes caractéristiques architecturales. Le bâtiment parallèle au premier est conçu sur le même modèle, mais la pierre bouchardée n'est utilisée qu'en soubassement et pour les murs pignons avec leurs retours aux extrémités. Un escalier de secours en vis et en métal a été ajouté du côté ouest. L'internat de 1965 reprend la structure des deux autres bâtiments sans parement en pierre de taille et avec un avant-corps à chaque extrémité.

Le logement du directeur, à l'écart au nord-ouest, est doté d'un rez-de-chaussée surélevé au-dessus d'un sous-sol, d'un étage carré et d'un comble surcroît. En parpaing de béton, il est couvert d'un toit à longs pans en tuile mécanique. Sous les rampants et la corniche en béton du toit, un décor en brique imite un double rang de génoise.

Les constructions des années 1970 sont en béton et couverts de toits en terrasse, à l'exception des logements de fonction à toits à croupes en tuile. L'internat, désormais recouvert par un bardage en bois, possède trois étages carrés. Le centre socioculturel de 1970 est entièrement en béton et composé de trois volumes cubiques : celui du centre, le plus bas, renferme un patio en son centre. Il est relié au bâtiment de demi-pension par une galerie sur colonnes de béton qui se poursuit devant le rez-de-chaussée surélevé de ce bâtiment. Ce dernier, auquel s'adosse un avant-corps renfermant la cuisine et les réserves au nord, possède en effet un sous-sol. Dans l'internat, des escaliers tournant à retour sans jour donnent accès aux couloirs centraux des étages, comme les deux ascenseurs J. Camus d'origine encore en place.

Le centre d'art et de ressources est en béton armé et parpaing de béton enduit, avec charpente en bois lamellé collé et couvert en bacs acier. Son plan est constitué de la juxtaposition de trois arcs de cercle de grandeur différente, évoquant la forme d'un escargot. En rez-de-chaussée mais avec un jeu sur les hauteurs sous plafond, il comporte de part et d'autre d'un hall, une salle d'exposition, un centre de ressources et un CDI. Le CDI est doté d'une mezzanine accessible par un escalier en vis en béton armé.

L'internat de 2018, en rez-de-chaussée, possède une structure en ossature bois avec isolation paille masquée par un enduit chaux et sable. Du côté nord-est, de grands vitrages sont présents, tandis que, du côté sud-ouest, des ouvertures de tailles différentes rythment la façade. Le toit en métal est à faible pente avec une sorte de crête au centre, coiffée en trois endroits d'un chapeau pointu offrant une ventilation et une lumière zénithale à l'intérieur. Ici, des briques de terre crue tout au long du couloir central qui distribue les chambres apportent l'inertie nécessaire pour lutter contre la chaleur estivale.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  3. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

    Revêtement : parement

  4. Matériau du gros oeuvre : bois

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise, tuile mécanique, béton en couverture
Étages

sous-sol, 3 étages carrés, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

    Partie de toit : croupe brisée

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  3. Type de couverture : terrasse

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution

    Forme : escalier tournant à retours sans jour

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier de distribution

    Forme : escalier en vis

    Structure : en maçonnerie

  3. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier en vis

    Structure : en charpente métallique

Autres organes de circulation
  1. ascenseur

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Rouillé

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Venours

Cadastre: 1836 D4 1558 à 1560, 1923 AI 6

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